Les Oilers et les Panthers se retrouvent de nouveau en finale et comme c'est la plate coutume depuis trop longtemps, il fallait attendre de voir si le capitaine allait toucher son trophée de conférence respectif. Du côté des Panthers, ils ont opté pour ne pas toucher au trophée Prince-de-Galles (après y avoir touché en 2023 et s'être abstenu en 2024). Pour les Oilers, Connor McDavid a touché au trophée Clarence Campbell cette année, alors qu'il s'était abstenu l'an passé.
Mais que c'est donc plate tout ça.
Et en plus d'être devenu une tradition/superstition que je trouve idiote et qui enlève au spectacle, ça n'a vraiment aucune importance et ça n'affecte en rien le résultat ultime. Voici un tableau (très) scientifique de la chose, en se concentrant premièrement sur le trophée Campbell depuis la saison 1998-99, soit un échantillon de 25 saisons.
En résumé, les clubs n'ayant pas touché au trophée ont remporté 9 fois la Coupe Stanley et l'ont perdu 9 autres fois. Les clubs ayant «OSÉ» toucher au trophée ont perdu 3 fois en finale et l'ont emporté 4 fois.
Donc si cela sert à prouver quelque chose, même si ça ne prouve rien, c'est que le clan «TOUCHER au trophée» est meilleur que de ne pas y toucher, l'emportant par une seule instance.
Oui mais ça c'est seulement le trophée de l'ouest, me direz-vous. Ok. Allons voir dans l'est.
Alors dans l'est. Toucher au trophée a remporté 8 coupes et en a perdu 6. Pas touche en a gagné 4 et en a perdu 7.
Donc une autre victoire encore plus décisive du clan «Touches-y au christie de trophée».
Faites comme Ovechkin qui a même pris l'avion avec en 2018:
Donc, si ça marche même pas, pourquoi cette superstition existe et comment ça a commencé?
Dans ce documentaire de la coupe de 1993, Benoit Brunet explique qu'ils étaient tous fier d'y toucher et même de parader avec comme si c'était la Coupe Stanley. Même que chaque joueur a pu le prendre en paradant sur la glace.
De nos jours, même si quelqu'un y touche, il s'agit bien probablement
seulement du capitaine, qui accepte de le prendre une trentaine de
secondes et de retraiter vite au vestiaire. Pas mal moins le fun...
Mais était-ce un cas isolé en 1993 d'assiter à autant de célébration? C'était tu juste Montréal qui est plus crinqué que le reste de la ligue comme d'habitude?
Et bien fouillons dans les années précédentes pour voir.
En 1991 à Pittsburgh, c'était semblable à Montréal, même encore plus le fun. L'année suivante, comme la série avait été remportée à
Boston, la coutume de l'époque était que le club gagnant le reçoive dans leur
vestiaire après la partie.
Comme ici en 1990 avec les Oilers, alors qu'ils avaient remporté le trophée à Chicago. Dans leur cas, on voit pas mal moins d'excitation de leur part mais c'était compréhensible puisqu'ils l'avaient gagné 5 autres fois dans la décennie précédente...
Donc, partons du point de référence qu'est 1993 (et première saison de Gary Bettman en poste) et essayons de trouver à quel moment ça a vraiment changé.
En 1994, les Rangers et les Canucks ont tous touché à leur trophée respectif. Mais on peut déjà commencer à trouver des failles avec Trevor Linden qui échappe le couvercle du trophée (pourquoi c'est pas soudé ensemble?) en le soulevant. C'est peut-être à ce moment que la superstition a commencé à planter ses graines...
Je viens finalement de découvrir qui était à l'origine de cette superstition. Et comme lors de plusieurs moments controversés qui ont changé le visage du hockey durant les années 90, il s'agit d'Eric Lindros...
1997 était la première année qu'une équipe fit un point d'honneur de ne pas toucher le trophée avec Eric Lindros, un habitué de refuser des trucs, qui ne fit que poser pour une photo avec le trophée en compagnie du gars de la ligue (même pas Bettman) avant de rejoindre ses coéquipiers.
Du côté de l'ouest, les Red Wings retournaient en finale après leur défaite de 1995 et y retouchèrent sans problèmes, en plus d'éliminer ensuite les Flyers en seulement 4 matchs.
Donc comme première instauration de la tradition, on pouvait dire que c'est râté. En 1998, les Red Wings y retouchèrent de nouveau, même chose pour leurs opposants, les Capitals.
Ensuite, ce sont les Sabres de 1999 qui perpétuèrent en deuxième cette tradition malfamée. Et encore une fois, aucun argument solide selon quoi cela porte chance puisque les Sabres perdirent la coupe en 6 matchs contre les Stars, le tout décidé par un but en prolongation controversé de Brett Hull.
Ensuite, tout le monde retrouvât ses esprits et toucha au trophée dans chaque conférence de 2000 à 2002. Les Mighty Ducks d'Anaheim vinrent toutefois fucker la patente en 2003 en refusant de toucher au trophée Campbell, encore une fois dans une cause perdante. 0 en 3 jusqu'à date...
C'est en 2004 qu'on peut finalement voir un argument pour la cause puisque les champions, le Lightning, ne toucha pas au trophée, tandis que les Flames y touchèrent... OH!
Je crois que c'est à ce moment que la superstition est vraiment devenue mainstream. La saison suivante de 2006, après un lock-out en 2005 où vraiment personne ne toucha à rien, les deux clubs en finale, les Oilers et les Hurricanes, refusèrent de toucher au trophée, soit la première fois que cela se produisit dans les deux conférences en même temps. C'est sûr que quand aucun y touche, on peut pas dire que ça porte chance ou non...
On commença même à voir la nouvelle superstition dans la série de jeux vidéos NHL.
Ensuite, 2007 vint cimenter la légende de cette superstition/malédiction alors que les Sénateurs y touchèrent et perdirent, tandis que les Ducks n'y touchèrent pas (comme en 2003) et remportèrent les grands honneurs.
Mais, après avoir perdu en finale en 2008 sans avoir touché au trophée Prince de Galles, Sidney Crosby décida d'y toucher lors du rematch de 2009 et cette fois-ci, ils gagnèrent.
Ouais... On peut dire qu'il s'agissait pas d'une célébration comme en 1993. Il l'a pris dans ses mains, mais il l'a pas vraiment soulevé à bout de bras non plus, tandis que Malkin et Gonchar y touchèrent à peine et c'en était fini de ce protocole. Y'a des joueurs bantam qui sont plus contents que ça en recevant une médaille en plastique pour un tournoi à Chibougamau.
Bref c'est pas mal ça. Depuis, c'est plus ou moins la même chose, quelques équipes y touchent, d'autres non, et tout le monde fait semblant que c'est important pendant 2-3 jours.
Les Penguins ont gardé l'habitude d'y toucher lors de leur double conquête de 2016 et 2017, même chose pour le Lightning qui y toucha lors de leurs trois participations consécutives de 2020 à 2022 terminant 2 en 3.
Mais on peut vraiment dire que ces deux magnifiques trophées ont perdu leur lustre. En plus le trophée Prince de Galles a été instauré en 1925, donc exactement 100 ans cette année, et personne en parle, quoique il n'a pas toujours eu la même fonction de mérite, étant d'abord décerné au champion de la division américaine de 1925 à 1937 et ensuite au champion de la saison régulière jusqu'en 1967.
C'est quelque chose de se rendre en finale, même si on perd. Comme ce cher Benoit Brunet l'a dit, ça arrive pas souvent, même jamais pour plusieurs joueurs. Je me rappelle de 2021 avec le Canadien. Même si je savais qu'ils allaient se faire détruire en finale, j'étais fier de cette présence en finale et la série de finale de conférence contre Las Vegas était épique.
Au baseball et au football, on en fait pas mal plus une grosse affaire. Mais au hockey c'est la coupe ou rien. Et c'est un peu dommage.